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Nous ferons connoissance au retour.

Béatrix, à Guzman

Nous ferons connoissance au retour.On t’attend,
Va vîte.



Scène III.

D. FERNAND, ISABELLE, BÉATRIX.
D. Fernand.

Va vîte.Le parti, ma fille, est important.
Quand Dom César viendra, pour lui paroître aimable,
Prens un air enjoué, complaisant, agréable,
Et l’attire si bien, que l’hymen résolu,
Par ses propres desirs, dès demain, soit conclu.
Tu lui plairas sans doute.

Isabelle.

Tu lui plairas sans doute.Et s’il ne peut me plaire ?

D. Fernand.

Il est unique, & c’est un Crésus que son pere.
Tu rouleras sur l’or en l’épousant.

Isabelle.

Tu rouleras sur l’or, en l’épousant.Tant mieux.
L’or est d’une couleur qui réjouit les yeux ;
Mais le cœur ?

Béatrix.

Mais le cœur ?De quel soin vous chargez-vous ? En somme
Il est riche, peut-il n’être pas honnête homme ?

D. Fernand.

Béatrix a raison, l’argent est le bon mot,
Et tout gueux, quel qu’il soit, ne peut être qu’un sot.
Je me souviens du temps où dans notre jeune âge
Je fis avec son pere un assez long voyage.
Nous étions l’un pour l’autre amis si complaisans,
Qu’aux Indes pour lui seul je m’arrêtai six ans ;
C’est là qu’a commencé sa premiere fortune.
Il me jura dès-lors que nous l’aurions commune.