Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/89

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Elle s’est augmentée ; &, quoique rarement
L’amitié tienne bon contre l’éloignement,
Les lettres ont toujours, malgré vingt ans d’absence,
Entretenu le cours de notre intelligence.
Nous avons l’un de l’autre assuré le crédit,
Je l’emploie à Séville, il m’emploie à Madrid,
Et sur divers payemens, par la premiere lettre,
J’attens vingt mille écus qu’il cherche à me remettre ;
Son fils sera chargé de lettres pour cela.

Isabelle.

J’appréhende si fort…

Béatrix.

J’appréhende si fort…Taisez-vous, le voilà.



Scène IV.

D. FERNAND, ISABELLE, D. PASCAL, BÉATRIX, GUZMAN.
Guzman, bas à D. Pascal.

Si Dom César arrive, adieu le personnage,
Sous ce nom dérobé pressez le mariage,
Qu’on découvre la fourbe après qu’il sera fait,
Volontiers, les grands mots auront eu leur effet.

D. Pascal.

Ne t’inquiéte point, je jouerai bien mon rôle.
Excusez si je suis un peu court de parole.
Pour la premiere fois me trouver à la cour,
Où les mots recherchés se disent nuit & jour ;
Voir de plain-pied d’abord & beau-pere & maîtresse,
Savoir qu’ils font tous deux la même politesse,
C’est de quoi m’étonner ; mais cela passera.
Mon espoir mal en train se raccommodera ;
Et bientôt pour vous faire une juste harangue,
J’espere rattraper l’usage de ma langue.