Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/98

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Coucher, sans vous rien dire, où couche un cavalier,
Lui, partir avant vous, & si fort s’oublier,
Qu’au lieu de sa valise il fait prendre la vôtre.

D. Pascal.

Il pouvoit s’y tromper ; qui fit l’une, a fait l’autre ;
Toi-même ne connus l’échange que le soir ;
Sans argent, nous cherchions le moyen d’en avoir,
Le voilà tout trouvé.

Guzman.

Le voilà tout trouvé.Mais si, comme il peut être,
Quelqu’un pour Dom Pascal vous allait reconnoître ?

D. Pascal.

Va c’est si rarement que je viens à Madrid,
Qu’à moins de Dom César, je tiens la pie au nid.
Moyennant ce que j’ai trouvé dans la valise,
Je passe ici pour lui ; Dom Fernand me courtise,
Et craint tant que de moi je n’ose disposer,
Qu’au besoin pour sa fille il voudroit m’épouser.

Guzman.

Je croi de votre humeur qu’elle a pris de l’ombrage.
Vous avez je ne sai quel diable de langage.

D. Pascal.

C’est par-là que je plais, on me cherche par tout.

Guzman.

Bon pour rire, mais quand un hymen se résout…

D. Pascal.

J’en ai pris l’habitude, & ne m’en puis défaire.
Il s’agit d’attraper les écus du beau-pere.
Si Dom César ici me vient prendre sans verd,
Ce que j’aurai touché sera mis à couvert,
J’aurai bientôt alors disparu. Va m’attendre
Dans ce petit logis qu’exprès tu m’as fait prendre.
La fourbe va trop bien pour ne pas l’achever ;
Quand je serai garni, j’irai te retrouver.