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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/99

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ACTE II.



Scène I.

D. CÉSAR, CARLIN.
D. César.

Il n’étoit point connu dans cette hôtellerie ?

Carlin.

Non, j’ai sû seulement du valet d’écurie,
Qu’ayant jusques au jour dormi fort en repos,
Il s’étoit fait montrer la route de Burgos.
Je m’y rens au plus vîte, &, dans cette entreprise
Me servant des billets trouvés dans sa valise,
Qui tous sont adressés à Dom Pascal Giron,
Je m’informe avec soin si l’on connoît ce nom.
Ma recherche n’est pas tout-à-fait inutile.
J’apprens que Dom Pascal est natif de la ville,
Et que depuis deux mois & plus qu’on ne l’a vû,
Aucun n’a découvert ce qu’il est devenu.

D. César.

Je n’en suis guere mieux, ne sachant où le prendre
Jamais si lourdement a-t-on pû se méprendre ?
Avoir changé de malle en ce gîte maudit,
Et n’en connoître rien que le soir à Madrid.

Carlin.

À moins que de l’ouvrir, dites-moi, comment diable
L’aurais-je pû connoître ? Elle est toute semblable.
Voilà ce que nous vaut l’ardeur de votre amour.
Vous nous faites partir une heure avant le jour.
Sans savoir que la place avec vous étoit prise,
J’entre dans votre chambre, & trouve une valise.
Croyant que l’autre lit n’étoit point occupé,
Je prens sans rien choisir ; qui ne s’y fût trompé ?