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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/109

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DE SIAM. Livre II.

jour nous les embarquâmes dans une chaloupe, que le Commandeur nous avoit fait tenir prête, & ainſi nous retournâmes à bord.

Voila ce qui s’eſt paſſé au Cap de bonne Eſperance, au ſujet de nos obſervations, Quoyque nous les fiſſions jour & nuit, elles n’étoient pourtant pas nôtre ſeule occupation. A peine eûmes-nous pris poſſeſſion de nôtre petit Obſervatoire, que les Catholiques de cette Colonie, qui y ſont en aſſez grand nombre, en furent avertis & en témoignerent une trés-grande joye. Les matins & les ſoirs ils nous venoient trouver en ſecret. Il y en avoit de tous les Pays & de toutes les conditions, de Libres, d’Eſclaves, de François, d’Allemans, de Portugais, d’Eſpagnols, de Flamans & d’Indiens. Ceux qui ne pouvoient pas s’expliquer autrement ; parce que nous n’entendions pas leur langue, se mettoient à genoux & nous prenoient les mains pour les baiſer. Ils tiroient des Chapelets, & des Médailles de leur col pour montrer qu’ils étoient Catholiques ; ils pleuroient & se frappoient la poitrine. Ce langage du cœur beaucoup plus touchant que toutes les paroles, nous attendriſſoit infiniment, & nous obligeoit d’embraſſer ces pauvres

Le ſoin qu’on a eu des Catholiques au Cap.

Les ſentimens des Catholiques du Cap à nôtre arrivée.

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