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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/110

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VOYAGE

gens, que la charité de Jéſus-Chriſt nous faiſoit regarder comme nos fréres. Nous les conſolions le mieux qu’il nous étoit poſſible, les exhortant tous à perſévérer dans la foy de Jesus-Christ, à ſervir leurs Maîtres avec ſoûmiſſion, & avec fidelité, à ſupporter leurs peines avec patience : nous leur recommandions particulierément d’examiner leur conſcience le soir, & d’honorer la ſainte Vierge comme celle qui pouvoit leur obtenir plus de graces pour vivre chrétiennement, & pour ſe défendre de l’Héreſie. Ceux qui parloient François, Latin, Espagnol, ou Portuguais furent conféſſez. On viſita les malades dans leurs maiſons & dans l’Hôpital. C’eſt tout ce qu’on pût faire en ſi peu de temps pour leur conſolation, eux n’ayant pas la liberté de venir à nôtre bord pour entendre la Meſſe, ny nous celle de la dire ſur la terre.

On ſoupçonne les Jeſuites d’adminiſtrer les Sacremens.

Cependant il faut qu’on nous ayt ſoupçonnez au Cap de leur avoir porté la Communion. Car deux de nos Peres revenant un jour du Vaiſſeau avec un Microſcope dans la main, couvert de maroquin doré, deux ou trois Habitans qui ſe promenoient ſur le rivage, s’imaginèrent, que c’étoit le S. Sacrement qu’on portoit aux Catholiques dans une boëte. Ils s’approchérent du Pére