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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/125

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DE SIAM. Livre II.

n’y a point d’autre vie, ne travaillent qu’autant qu’il faut pour paſſer doucement celle-cy.

Leurs ſentimens ſur leur maniére de vie & ſur celle des étrangers.

A les entendre parler, lors même qu’ils ſervent les Hollandois, pour avoir un peu de pain, de tabac ou d’eau de vie, ils les regardent comme des Eſclaves qui cultivent les terres de leur païs, & comme des gens ſans cœur, qui ſe renferment dans des maiſons & dans des Forts pour ſe garantir de leurs ennemis, tandis que leur nation campe en ſûreté par tout où il luy plaît, au milieu des campagnes & des plaines ſans s’abaiſſer à labourer les champs. Ils prétendent par cette manière de vie faire voir qu’ils ſont les maîtres de la terre & les plus heureux peuples du monde, puiſqu’ils ſont les ſeuls qui vivent en liberté & en repos, en quoy ils font conſiſter leur bon-heur. Lorſque nous étions dans le jardin de la Compagnie, un des principaux voyant les amitiez que les Chefs des Hollandois nous faiſoient, vint à l’Obſervatoire, & y ayant rencontré le Pere de Fontenay, il luy préſenta deux Oranges, luy diſant en Portugais, Reverendo Padre, Géral dos Ottentots à voſſa Senhoria, marquant par là que ſon Capitaine & ſa Nation vouloient nous témoigner la joye qu’ils avoient de nôtre arrivée.

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