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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/134

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VOYAGE
« de l’eau de vie, un couteau & quelques grains de Corail. Ce Capitaine agréa nos petits préſens, & nous envoya par reconnoiſſance deux moutons gras, dont la queuë peſoit chacune plus de vingt livres, avec un grand vaſe plein de lait, & une certaine herbe qu’ils appellent Kanna[1], Ils usent du Kanna auſſi fréquemment que les Indiens font du Bétel & de l’Areka.

Leur Muſique & leurs Inſtrumens.

« Le lendemain un de leurs Capitaines vint nous trouver : c’étoit un homme que ſa grande taille & un certain air de fierté y qui paroiſſoit ſur son visage, faiſoit reſpecter des ſiens ; il ménoit à ſa ſuite cinquante jeunes hommes, avec autant de femmes & de filles. Les hommes portoient à la main chacun une flutte d’un certain rozeau, tres-bien travaillée, qui rendoit un ſon aſſez agréable. Le Capitaine leur ayant fait ſigne, ils ſe mirent à
  1. c’eſt apparemment cette plante fameuſe que les Chinois appellent Ginſeng : car Monsieur Claudius qui en a vû à la Chine, aſſûre qu’il en avoit trouvé deux plantes au Cap, & nous en a fait voir la figure toute entière qu’il avoit peinte au naturel & que Monsieur Thevenot m’a fait voir depuis peu de la maniére que vous la voyez gravée avec les Sonquas.