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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/140

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VOYAGE

ſommet. Ils penſérent tous mourir de ſoif avec leurs animaux, & coururent ſouvent riſque d’être dévorez par les Bêtes ſauvages qu’ils rencontroient en troupes.

Les dangers, qu’il courut, de perdre la vie.

Il eût luy-même bien de la peine à ſe ſauver d’un Rhinoceros d’une grandeur énorme qu’il vit à trois pas de luy tout preſt à le déchirer, s’il ne l’eut évité en ſe jettant à l’écart, & ſe dérobant à la veuë de cet animal, qui le chercha long-tems pour le mettre en pieces.

Leur muſique, leurs inſtrumens & leur dance.

Mais quand on fut arrivé au vingt-ſeptiéme degré de latitude à dix ou douze lieuës des côtes de l’Océan ; on rencontra une Nation fort nombreuſe, & beaucoup plus traitable que toutes celles qu’on avoit trouvé juſqu’alors. Comme M. Vanderſtell avoit amené avec luy deux Trompettes, quelques Hautsbois, & cinq ou ſix Violons. Dés qu’ils eurent entendu le ſon de ces inſtrumens, ils vinrent en foule, & firent venir leur muſique compoſée de prés de trente personnes, qui avoient preſque tous des inſtrumens différens. Celuy du milieu avoit une eſpece de Cornet-à-bouquin fort long, & fait d’un boyau de Bœuf ſéché & préparé : les autres avoient des flageollets & des flûtes faites de cannes, de longueur & de groſſeur différentes. Ils per-