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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/164

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VOYAGE

faire laver ensuite la bouche avec du vinaigre ou de l’eau de vie, pour arrêter la pourriture & empêcher la gangrène. Nous étions quelquefois ſurpris de voir la tranquillité, où ils étoient au milieu de leurs peines, leur indifférence pour la ſanté ou pour la maladie, pour la vie ou pour la mort ; ne ſouhaitant au monde que l’accompliſſement de la volonté de Dieu. Ils faiſoient paroître tant d’empreſſement pour entendre la Meſſe & pour communier, que ſe faiſant porter ſur le Pont par leurs camarades, on les voyoit tomber en foibleſſe, & s’en retourner contens, quoyque plus malades, aprés avoir ſatisfait à leur dévotion. C’étoit ſans doute une grande conſolation pour nous.

Deux hérétiques qui s’étoient embarquez, ſe convertiſſent.

Elle fut encore beaucoup augmentée par la converſion de deux pauvres Matelots Calviniſtes qui s’étoient embarquez à l’inſçû de Monsieur l’Ambaſſadeur. Si on les eût reconnus hérétiques, on n’eut jamais ſouffert qu’ils euſſent été du voyage ; mais la Providence divine ſe ſervit de la curiosité, qu’ils eurent, d’aller à Siam, pour les mettre dans la voye du salut. Ils eurent bien de la peine à ſe déterminer, mais enfin gagnez & instruits par un de nos Péres, ils renoncérent publiquement aux erreurs de Calvin. Le Pére de Fontenay aprés leur avoir