Aller au contenu

Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
141
DE SIAM. Livre III.

fit dire au Pangran, qu’il ne ſçavoit obéïr qu’au Roy de France ſon Maître, & qu’on répondit au Roy de Bantam, qu’il ne partiroit, que quand il jugeroit à propos, & qu’on n’oſeroit envoyer de Vaiſſeau pour le combattre, comme on l’en avoit menacé. Alors ſans autre compliment l’Envoyé du Roy de Bantam ſe retira.

On crut aiſément que les Officiers Hollandois, qui étoient dans le Fort, faiſoient joüer tous ces reſſorts, & qu’ils ſe ſervoient de l’authorité du Roy pour éloigner les François de la Ville. Car le Gouverneur ne ſcachant pas les raiſons, qui avoient obligé le Roy d’envoyer deux de ses Vaiſſeaux de guerre dans les Indes, ne pouvoit croire que ce fût ſeulement pour conduire l’Ambaſſadeur qu’on envoyoit au Roy de Siam, comme on luy diſoit : au contraire plus on insiſtoit à l’en convaincre, plus il s’imaginoit avoir ſujet de ſoupçonner que c’étoit une partie de l’eſcadre, que les Rois de France & d’Angleterre envoyoient pour se vanger des inſultes, qu’on avoit faites depuis peu à l’une & à l’autre Nation, lors que les Hollandois firent lever le ſiege de Bantam. Le bruit qui couroit parmi les Inſulaires, qu’on armoit il y avoit déja long-tems en Angleterre pour ce deſſein, augmen-

Soupçons du Gouverneur contre les François.

S iij