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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/192

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VOYAGE

toit ses soupçons, & on se perſuadoit aisément que ce Vaiſſeau moüillé, & un autre encore plus grand, que l’on voyoit dans le détroit de la Sonde, seroient bien-tôt suivis de toute l’armée.

Ajoûtez à tout cela que les Javans étoient furieuſement irritez de voir le jeune Prince ſur le Trône, les Hollandois Maîtres de Bantam, & leur vieux Roy détenu dans une étroite priſon. Nous étions même ſurpris d’entendre parler ces Peuples avec tant de liberté, menaçant de paſſer les Hollandois au fil de l’épée & de détrôner le Roy régnant, ſi on leur vouloit prêter main-forte.

Toutes ces nouvelles firent prendre le party au Chevalier de Fourbin de s’en retourner à bord de l’Oiſeau, pour en informer M. l’Ambaſſadeur avant que de paſſer outre. Il prit dans son Canot le Sieur du Tertre Lieutenant de la Frégatte, qui raconta luy-même toutes ces choſes à Monsieur l’Ambaſſadeur en nôtre préſence. Il ajoûta qu’on l’avoit aſſûré que la Mouſſon n’étoit pas encore fort avancée, & qu’on pouvoit ne partir pour Siam, que dans trois ſemaines ou un mois.

Monsieur l’Ambaſſadeur s’étonna fort de cette conduite, il ne laiſſa pas d’envoyer à

Les Iavans ſont irritez de voir Sultan Agoum leur ancien Roy en priſon.