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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/195

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DE SIAM. Livre III.

de ſes plaiſirs. Ce jeune Roy voulut gouverner à ſa tête, ſans avoir egard aux inſtructions que ſon Pere luy avoit données en le couronnant. Il commença par éloigner de ſa Cour ceux qui avoient eu le plus de part aux affaires ſous le regne précedent, ſoit qu’il fût mal-content de leur conduite, ou qu’il les regardât comme des eſpions ſecrets qui rendroient compte à son Pere de tout ce qu’il feroit dans le gouvernement de ſes Etats. Il exila entre autres deux Pangrans, que ſon Pere luy avoit principalement recommandez. Sultan Agoum ſentit vivement ce coup, & reconnut, mais trop tard, qu’il étoit plus aiſé de quitter un Sceptre que de ne pas ſe repentir aprés l’avoir quitté. Il ne pût s’empêcher de s’en plaindre à ſon fils, & de luy dire, qu’il étoit ſurpris, que ſa recommandation & les ſages conseils qu’il luy avoit donnez euſſent fait si peu d’impreſſion ſur ſon eſprit ; mais celuy-cy piqué de cette remontrance, qu’il prit pour un ſanglant reproche, envoya ordre ſur le champ, de ſe défaire de ces deux Seigneurs. Cela joint aux ſollicitations de ſes anciens ſujets, qui ſe croyoient opprimez ſous ce nouveau gouvernement & aux ſecretes jalouſies, comme ont voulu dire quelques uns, que ſemoient

Le Roy de Bantam, ayant remis la Couronne entre les mains de son fils, veut la reprendre.

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