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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/212

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VOYAGE

que les Magiſtrats de cette Ville ne le contraigniſſent de retourner au Tunquin avec les Ambaſſadeurs qu’ils y vouloient envoier, parce que ce Pere y eſt extrêmement connu & reſpecté. Le zele des Catholiques fit trop d’éclat à Batavia, & l’afluence du monde qui venoit chez le Pere Fucity fut ſi grande, que les Miniſtres Proteſtans firent des plaintes à Monſieur le Général, de ce qu’un Jéſuite faiſoit publiquement l’exercice de la Religion Catholique dans Batavia : Quoy qu’on y permette celuy du Mahométiſme, & même les ſacrifices publics que les Idolâtres font à leurs Dieux, ſans que les Miniſtres en faſſent aucun ſcrupule aux Magiſtrats. Sur leurs remontrances, Monſieur le Général mit une ſentinelle à la porte du Père, pour empêcher les Catholiques d’entrer chés luy, & le fit prier de ne ſortir pour aller en ville, qu’avec un garde qui l’accompagnaſt par tout.

Apres avoir long temps entretenu le Père Fucity, nous retournâmes chés le grand Tréſorier, croyant que l’heure de l’Audiance approchoit. Sur les quatre heures apres midy nous entendîmes les tambours, les fifres & les trompettes de la Fortereſſe dont nous n’étions pas fort loin. Alors Monſieur le Tréſorier nous dit, que nous pouvions