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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/253

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DE SIAM. Livre III.

des fonctions de ſa Charge. Il en parla même ſouvent au Roy, mais ce qui contribua le plus à le bien mettre dans l’eſprit de ce Prince, fut l’occaſion que je vais dire.

Le Roy de Siam avoit pris le deſſein d’envoyer une Ambaſſade dans un Royaume étrâger. Et comme il aime l’éclat & la grandeur, il ne vouloit rien épargner pour la rendre célébre par de magnifiques préſens. Les Mores, à qui il avoit coûtume de s’adreſſer dans ces occaſions, luy demandoient des ſommes immenſes pour faire cette Ambaſſade de la manière qu’il ſouhaitoit. Le Barcalon, à qui le Roy s’en plaignit, le dit au Seigneur Conſtance, qui luy promit, que ſi le Roy vouloit l’honorer de cette commiſſion, il feroit des préſens encore plus beaux & qui coûteroient moins que ce que le Roy avoit offert aux Mores. Le Roy en ayant été averti, le fit appeller auſſi-tôt ; & le chargea de ſes ordres. Il les exécuta avec tant d’exactitude & de ſuccez, que Sa Majeſté conçut dés lors une grande eſtime de ſon habileté. Cependant les Mores piquez de ce qu’on n’avoit pas voulu leur donner la ſomme qu’ils avoient demandée, préſentérent une Requeſte au Roy, pour le prier de leur faire payer l’argent dont Sa Majefté leur étoit redevable. Dans cette Reque-