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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/261

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DE SIAM. Livre III.

lieuë de large en cet endroit, à une demie lieuë de là, en montant, elle n’a pas un quart de lieuë, & un peu au deſſus ſa plus grande largeur n’eſt que d’environ cent ſoixante pas. Son canal eſt fort beau & aſſez profond. La Barre eſt un banc de vaſe qu’on trouve à l’embouchure, où il n’y a que douze à treize pieds d’eau quand la Mer y eſt la plus haute. Il n’eſt rien de plus charmant que la vûë de cette riviere, le rivage des deux côtez eſt tout couvert de grands arbres toûjours verds, & au de-là ce ne ſont que de vaſtes Plaines à perte de vûë couvertes de Ris. Il étoit nuit quand nous abordâmes à une petite loge, où les Balons de Monſieur l’Evêque de Metellopolis l’attendoient. Comme les terres qui ſont aux environs juſques à une journée de chemin au deſſus de Siam ſont extrémement baſſes, elles ſont toutes noyées pendant la moitié de l’année. Les pluyes qui y durent pluſieurs mois de ſuite enflant la Rivière cauſent ces grands débordemens, & c’eſt ce qui rend le Païs ſi fertile. Sans cela le Ris qui ne croit guéres que dans l’eau, & dont les Campagnes ſont toutes couvertes, ne fournirait pas, comme il fait, à la nourriture de tous les Siamois & des Royaumes voiſins. Ces inondations ont encore cette