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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/262

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VOYAGE

commodité qu’on peut aller en Balon de tous cotez, même dans les Champs ; ce qui répand par tout une si grande multitude de Bâteaux, que dans la plus grande partie du Royaume le nombre des hommes est moindre que celuy des Balons. Il y en a de grands couverts comme des maiſons, qui ſervent de logemens à des familles entières, & qui ſe joignant plusieurs enſemble forment comme des Villages flottans dans les endroits, où ils ſe trouvent.

Nous continuâmes à monter la Rivière toute la nuit, pendant laquelle nous vîmes une choſe tres-agréable, c’étoit une multitude innombrable de mouches luiſantes, dont tous les arbres qui bordoient la Rivière étoient tellement couverts, qu’ils paroiſſoient comme autant de grands luſtres chargez d’une infinité de lumières, que la réfléxion de l’eau, unie alors comme une glace, multiplioit à l’infiny. Tandis que nous étions occupez à les regarder, nous fûmes tout d’un coup enveloppez d’une prodigieuſe quantité de Mouſquites ou Maringoüins. C’est une eſpéce de couſins fort importuns, qui piquent au travers des habits, & on en demeure incommodé longtems aprés. Les Siamois qui conduiſoient nôtre Balon, quoy qu’ils fuſſent nuds &

occupez