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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/263

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DE SIAM. Livre III.

occupez à ramer s’en défendoient mieux que nous, ils ſe frappent du plat de la main à chaque maringoüin qu’ils ſentent, & ils prennent ſi bien leur tems qu’ils n’en manquent pas un, ſans perdre pour cela un ſeul coup de rame.

Nous trouvâmes beaucoup de Singes & de Sapajoux ſur le bord de la Riviere, qui grimpoient ſur les arbres & qui alloient par bandes. Mais rien n’eſt plus agréable à voir que le grand nombre d’Aigrettes dont les arbres ſont couverts ; il ſemble de loin qu’elles en ſoient les fleurs. Le mélange du blanc des aigretes & du verd des feüilles fait le plus bel effet du mõde. L’Aigréte eſt un oyſeau de la figure d’un Héron, mais beaucoup plus petit. Sa taille eſt fine, ſon plumage beau & plus blanc que la neige. Il a des aigretes ſur la tête, ſur le dos & ſous le ventre, qui font ſa principale beauté, & qui le rendent extraordinaire.

Les Oyſeaux champêtres ſont tous d’un plumage admirable, il y en a de diverſes couleurs, de tout jaunes, de tout rouges, de tout bleus, de tout verts & en tres-grande quantité. Car les Siamois croyant la tranſmigration des ames dans d’autres corps, ne tuent point d’animaux, de peur d’en chaſſer, diſent-ils, les ames de leurs

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