Aller au contenu

Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
203
DE SIAM. Livre III.

canon de fonte, mais mal fortifiez. Monſieur de la Mare Ingénieur François, que Monſieur l’Ambaſſadeur a laiſſé à Siam, a eu ordre du Roy de la fortifier réguliérement, & d’en faire une bonne Place. Nous vîmes le Gouverneur en paſſant ; c’est un grand homme fort bien fait, qui nous reçut avec beaucoup d’honnêteté. Nous allâmes dîner enſuite chez un Artiſan François ; car il n’y a point d’Hoſtellerie en ce pays-là ; Nous commençâmes dés ce jour-là, à uſer de ris, au lieu de pain, & à boire ſeulement de l’eau de la rivière. Comme on fait cuire le ris avec de l’eau, c’est un manger aſſez fade, nous eûmcs bien de la peine à nous y accoûtumer d’abord, mais au bout de quinze jours nous le trouvions auſſi bon que le pain, qui eſt icy rare & fort cher, parce qu’il faut faire venir le blé de Surrate ou du Japon.

Depuis Bancok juſques à Siam on rencontre quantité d’Aldées ou de Villages dont la rivière est bordée preſque par tout. Ces Villages ne ſont qu’un amas de Cabanes élevées ſur de hauts piliers, à cauſe de l’inondation. Elles ſont faites de Bambous ; c’eſt un arbre dont le bois eſt d’un grand uſage en ce pays-là. Le tronc & les groſſes branches ſervent à faire les piliers

Cc ij