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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/289

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DE SIAM. Livre IV.

Le Seigneur Conſtance reçoit M. l’Ambaſſadeur au bord de la riviere.

Aprés avoir côtoyé une partie des murailles de la Ville, on arriva au lieu du débarquement, qui étoit à un quart de lieuë du Palais. Monſieur Conſtance s’y trouva pour y donner les ordres & pour y recevoir Monſieur l’Ambaſſadeur. Dés qu’on l’eût averty que le Balon approchoit du bord, il monta sur ſon Eléphant & ſe mit à la tête de vingt autres Eléphans de guerre rangez ſur le rivage. Et quand Monſieur l’Ambaſſadeur débarqua, il deſcendit de ſon Eléphant aprés avoir fait une profonde inclination au Balon qui portoit la Lettre du Roy, il vint au devant de Son Excellence, & ils ſe firent l’un à l’autre de grandes honnêtetez. Monſieur l’Ambaſſadeur alla enſuite pour prendre la Lettre du Roy ſur le Balon où on l’avoit miſe ; mais il trouva que le Mandarin l’avoit déja portée à terre avec la Pyramide dorée où elle étoit.

Reſpect qu’on rend à la Lettre du Roy.

Ce pauvre Mandarin fit une grande faute en penſant bien faire, il en fut puni ſur le champ, & eut la tête piquée, en attendant un plus ſévere châtiment. Car dans les Ambaſſades d’Orient on a bien un autre reſpect pour les Lettres que les Princes envoyent, que pour leurs Ambaſſadeurs. On regarde la Lettre comme la parole Royale, dont l’Ambaſſadeur n’eſt que le porteur.

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