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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/320

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VOYAGE

ſont pas fort differentes des nôtres. Entre les Chinois & les Laos étoit une troupe de Siamois & de Siamoiſes, dispoſez en rond qui danſoient d’une manière aſſez bizarre, c’eſt-à-dire, des mains auſſi bien que des pieds, faiſant autant de figures avec les unes qu’avec les autres. Quelques voix d’hommes & de femmes, qui chantoient un peu du nez, jointes au bruit de leurs mains régloient toute la cadence. Aprés ces jeux on vit paroître des sauteurs qui montoient sur de grands Bambous plantez debout comme des mâts & hauts de quatre-vingts ou cent pieds ; ils ſe tenoient deſſus d’un ſeul pied, ayant l’autre en l’air, puis poſant la tête où ils avoient mis le pied, ils élevoient les pieds tout droit en haut. Enfin aprés s’être ſuspendus par le menton, qui étoit ſeul appuyé ſur le haut des Bambous, les mains & le reſte du corps étant en l’air, ils deſcendoient le long d’une échelle toute droite, faiſant paſſer leur corps entre tous les échelons avec une agilité & une viteſſe incroyable. Un autre fit mettre sur une maniere de brancart ſept ou huit poignards la pointe en haut, s’aſſit deſſus, puis s’y coucha, ſans que ſon corps tout nud portât ailleurs ; il fit monter enſuite ſur ſon eſtomach un homme fort peſant qui s’y

Divers tours de ſoupleſſe des Siamois.