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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/330

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VOYAGE

miers au Palais, dont on étoit parti le matin. Toute l’apreſdînée ſe paſſa à ranger les Balons par eſcadres, & à donner à chacun ſes antagoniſtes. Pendant qu’on diſposoit ainſi toutes choſes, Monſieur l’Ambaſſsadeur arriva pour voir ce ſpectacle. Il étoit conduit par Monſieur Conſtance qui nous y invita aussi, & qui nous envoya un Balon afin de l’y accompagner. Le Roy voulut être du combat ; mais comme ſon Balon étoit fourni d’un plus grand nombre de rameurs & des mieux choiſis, il gagna bien-tôt l’avantage, & entra victorieux dans la Ville long-tems avant les autres. Nous nous étions rangez proche de Monſieur l’Ambaſſadeur pour voir le Roy. Comme il paſſa le long de nôtre Balon, nous le vîmes de fort prés, & il nous regarda d’une manière qui nous fit juger que le Seigneur Conſtance luy avoit déja parlé de nous. C’étoit un plaiſir de voir la rapidité avec laquelle ces Balons tout propres pour fendre l’eau remontoient la riviere à l’envy les uns des autres, ſans qu’aucun des rameurs dans l’eſpace de trois lieuës ſe repoſât un ſeul moment. Ils jettoient continuellement des cris de joye ou de triſteſſe, ſelon qu’ils gagnoient ou perdoient l’avantage. Toute la Ville & tout le

peuple