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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/348

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VOYAGE

roiſſoit d’une extrême conſéquence pour la Réligion. Il le témoigna au Pere Supérieur un jour que nous étions tous trois enſemble. Nous y conſentîmes avec joye ; & la commiſſion étant tombée ſur moy, dés le même jour j’eus ordre de me préparer au retour. Je ſentis alors une extrême douleur de me voir encore pour long-tems éloigné de la Chine, apres laquelle je ſoupirois depuis tant d’années ; mais il fallut obéir.

Le Seigneur Conſtance, qui n’eſt pas moins attentif aux occaſions d’avancer la gloire de Dieu, qu’à celles de procurer les avantages du Roy ſon Maître, nous communiqua une autre vûë qu’il croyoit pouvoir beaucoup contribuer à la converſion des Siamois. Il prétend que quand on aura une fois gagné leur eſtime & leur affection par le zele, par la douceur & par la ſcience, il ne ſera pas difficile de les mettre dans la diſposition d’écoûter ; qu’il connoît parfaitement le génie de cette nation ; qu’il ſçait mieux que perſonne à quoy il tient que le Chriſtianiſme n’ait fait juſques-icy de plus grand progrez à Siam depuis tant de tems qu’on y travaille ; qu’outre l’Obſervatoire il faloit encore une autre Maiſon de Jéſuites, où l’on menât, autant qu’il ſe pourroit, la vie auſtere & retirée