des Talapoins, ſi autoriſez parmi le peuple, qu’on prît leur habit, qu’on les vît souvent & qu’on tachât d’en attirer quelqu’un à la Religion Chrétienne ; qu’on ſçavoit enfin combien cette conduite avoit réüſſi aux Jéſuites Portugais qui ſont à Maduré vers Bengale.
En effet nous avons appris de divers endroits, & encore depuis peu à Siam par un Miſſionaire François qui avoit été à S. Thomé depuis deux mois, que ces Peres avoient demeuré pluſieurs années parmi ces peuples & s’étoient appliquez avec beaucoup de ſoin & de travaux à leur converſion, ſans aucun fruit conſidérable. Un d’eux qu’on a étably le Supérieur de cette Miſſion aprés avoir long-tems imploré le ſecours du Ciel, & faiſant réfléxion à l’attachement de cette nation pour les Bracmanes ou Bramines, qui ſont leurs Prêtres & leurs Religieux, jugea que s’il prenoit l’habit des Bramines & qu’il vécût à leur manière, il pourroit s’attirer la confiance de ces peuples, & les gagner à Jesus-Christ. Il communiqua ce deſſein à ſes Supérieurs, qui le propoſérent à la Congrégation de Propagandâ fide. On l’examina à Rome, & ſur ce qu’on expoſa aux Cardinaux que les habits dont les Bramines étoient vêtus n’étoient pas une mar-
