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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/350

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VOYAGE

que de Religion mais d’une nobleſſe & d’une qualité diſtinguée, ils permirent à ce Pere & à quelques autres Jéſuites qui appuyoient ſon ſentiment, d’éprouver ce dernier moyen pour la converſion de ces peuples.

Ainſi ayant pris la marque des Bramines, ils commencèrent à vivre comme eux, & depuis ce tems-là on vit ces hommes Apoſtoliques, les pieds & la tête nuë marcher ſur le ſable brûlant, expoſez ſans ceſſe aux ardeurs du Soleil qui y ſont extraordinaires, parce que les Bramines ne portent point de chauſſure, & ne ſe couvrent jamais la tête ; ne vivre que d’herbes, & paſſer les trois & quatre jours ſans manger, ſous un arbre, ou au milieu d’un chemin public, en attendant que quelque Indien touché d’une auſtérité ſi ſurprenante les vint écouter. Dieu a donné tant de bénédiction à leur zele & à leur mortification, qu’ils ont converti plus de ſoixante mille Indiens, & la foule des peuples qui accourent avec une ferveur incroyable pour ſe faire inſtruire, eſt ſi grande, qu’ils content pour rien toutes les fatigues qu’ils endurent.

Ce même Eccleſiaſtique ajoûta qu’il avoit vû un de ces Peres à qui les ſables brûlans de Maduré avoient fendu tous les pieds, & étans entrez enſuite dans ſes playes,