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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/363

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DE SIAM. Livre V.

ne Tigre qui avoit encore beaucoup à croître : Car Monſieur Conſtance nous a dit, qu’il y en avoit dans le Royaume de plus gros trois fois que celuy-là, & qu’un jour étant à la chaſſe avec le Roy, il en vit un de fort prés qui étoit grand comme un mulet. Il y en a auſſi de petits dans le pays, ſemblables à ceux qu’on apporte d’Affrique en Europe, & on nous en montra un le même jour à Louvo.

On ne lâcha, pas d’abord le Tigre qui devoit combattre, mais on le tint attaché par deux cordes, de ſorte que n’ayant pas la liberté de s’élancer, le premier Eléphant qui l’approcha luy donna deux ou trois coups de ſa trompe ſur le dos. Ce choc fut ſi rude, que le Tigre en fut renverſé, & demeura quelque-temps étendu ſur la place, ſans mouvement, comme s’il eût été mort. Cependant dés qu’on l’eut délié, quoyque cette premiére attaque eût bien rabattu de ſa furie, il fit un cry horrible, & voulut ſe jetter ſur la trompe de l’Eléphant, qui s’avançoit pour le frapper, mais celuy-cy la repliant adroitement, la mit à couvert par ſes défenſes, qu’il préſenta en même-tems, & dont il atteignit le Tigre ſi à propos, qu’il luy fit faire un fort grand ſaut en l’air. Cet animal en fut ſi étourdy qu’il n’oſa plus approcher, il

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