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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/362

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VOYAGE

poins, qui diſent qu’il leur eſt défendu de monter à cheval.

A un quart de lieuë de la Ville on avoit élevé une haute paliſſade de bambous d’environ cent pas en quarré. Au milieu de l’enceinte étoient entrez trois Eléphans deſtinez pour combattre le tigre. Ils avoient une eſpéce de grand plaſtron, en forme de maſque, qui leur couvroit la reſte & une partie de la trompe. Dés que nous fûmes arrivez ſur le lieu, on fit ſortir de la loge, qui étoit dans un enfoncement, un tigre d’une figure & d’une couleur qui parurent nouvelles aux François, qui aſſiſtoient à ce combat. Car outre qu’il étoit bien plus grand, plus gros, & d’une taille moins éfilée que ceux que nous avions vûs en France. Sa peau n’étoit pas mouchetée de même, mais au lieu de toutes ces taches, ſemées ſans ordre, il avoit de longues & larges bandes en forme de cercles. Ces bandes prenant ſur le dos ſe réjoignoient par deſſous le ventre & continuant le long de la queuë y faiſoient comme des anneaux blancs et noirs placez alternativement dont elle étoit toute couverte. La reſte n’avoit rien d’extraordinaire, non plus que les jambes, hors qu’elles étoient plus grandes plus groſſes que celles des Tigres communs, quoy que celuy cy ne fût qu’un jeu-