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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/371

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DE SIAM. Livre V.

la porte & il ſuivit l’autre juſqu’au bout de l’allée. Dés qu’il y fut, on mit à ſes cotez deux Eléphans que l’on attacha avec luy. Un autre marchoit devant & le tiroit avec une corde dans le chemin qu’on luy vouloit faire prendre, pendant qu’un quatriéme le faiſoit avancer à grands coups de teſte qu’il luy donnoit par derriere, juſques à une eſpece de remiſe où on l’attacha à un gros pillier fait exprés qui tourne comme un cabeſtan de navire. On le laiſſa là juſques au lendemain pour luy faire paſſer ſa colere ; mais tandis qu’il ſe tourmentoit autour de cette colonne, un Bramine, (c’eſt à dire un de ces Prêtres Indiens qui ſont à Siam en aſſez grand nombre,) habillé de blanc s’approcha monté ſur un Eléphant, & tournant doucement autour de celuy qui étoit attaché, l’arroſa d’une certaine eau conſacrée à leur maniere, qu’il portoit dans un vaſe d’or. On croit que cette cérémonie fait perdre à l’Eléphant ſauvage ſa férocité naturelle, & le rend propre à ſervir le Roy. Dés le lendemain il commence à aller avec les autres, & au bout de quinze jours il eſt entiérement apprivoisé.

Parmy tous ces divertiſſemens Monſieur l’Ambaſſadeur n’étoit occupé que du ſujet

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