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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/378

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VOYAGE

l’empêcher d’executer les ordres du Roy ſon Maître, ſur tout quand il a appris que l’Ambaſſadeur de Perſe étoit arrivé dans le Royaume de Siam, & qu’il apportoit à vôtre Majesté l’Alcoran afin qu’elle le ſuivit. Dans cette veuê l’Ambaſſadeur de France a crû qu’il étoit obligé d’offrir à Vôtre Majeſté la Religion Chrétienne, & de conjurer Vôtre Majeſté de l’embraſſer. Eſt-il vray, reprit le Roy, que l’Ambaſſadeur de Perſe m’apporte l’Alcoran ? On le dit ainſi, Sire, répondit le Seigneur Conſtance. A quoy le Roy repliqua sur le champ : Je voudrois de tout mon cœur que l’Ambaſſadeur de France fût icy pour voir de quelle maniere j’en uſeray envers l’Ambaſſadeur de Perſe. Il eſt bien ſûr que ſi je n’étois d’aucune Religion, je ne choiſirois pas la Mahométane,

Mais pour répondre à l’Ambaſſadeur de France, poursuivit le Roy, Vous luy direz de ma part, que je me ſens extrémement obligé au Roy de France ſon Maître, connoiſſant par ſon mémoire les marques de la Royale amitié de ſa Majeſté très-Chrétienne, & que comme l’honneur que me fait ce grand Prince s’eſt déja rendu public dans tout l’Orient, je ne ſçaurois aſſez reconnoître cette honneſteté ;