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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/385

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DE SIAM. Livre V.

géant & ſes manieres pleines de douceur & de bonté, ſur tout pour les Etrangers, & particuliérement pour les François. Il eſt vif & agiſſant, ennemy de l’oiſiveté & du repos, qui paroît ſi delicieux aux Princes d’Orient, & qu’ils regardent comme le plus grand privilége de leur Couronne. Celuy-cy au contraire eſt toûjours ou dans les bois à la chaſſe des Eléphans, ou dans son Palais appliqué aux affaires de ſon Royaume. Il n’aime pas la guerre parce qu’elle ruïne ſes peuples qu’il chérit tendrement, mais quand ſes ſujets ſe révoltent, ou que les Princes ſes voiſns luy font la moindre inſulte, ou ne ſe tiennent pas dans le reſpect ; il n’y a gueres de Roy dans l’Orient qui ſe vange avec plus d’éclat, & qui paroiſſe plus paſſionné pour la gloire.

Quelques Grands de ſon Royaume s’étant ſoulevez, & étant appuyez ouvertement par les forces de trois Rois, dont les Etats environnent le Royaume de Siam, il attaqua ces Princes ſi vivement, qu’ils furent obligez d’abandonner les rebelles à ſa colère. Il veut tout ſçavoir, & comme il a l’eſprit pénétrant & fort étendu, il n’a pas de peine à entrer dans tout ce qu’il veut apprendre. Il eſt magnifique, généreux, bon amy au delà de ce qu’on

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