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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/395

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DE SIAM. Livre V.

à ceux dont on a parlé cy-deſſus, & qui tous enſemble dans l’obſcurité de la nuit faiſoient un effet charmant à la veuë. Quand nous fûmes à un demi quart de lieuë du Château, nos rameurs qui avoient nagé juſqu’alors avec beaucoup de force & de bruit, commencerent à ramer ſi doucement que nous n’entendions preſque pas le bruit de leurs rames. On nous dit qu’il faloit ſe taire ou parler extrémement bas. En effet, quand nous mîmes pied à terre, tout étoit ſi tranquille, quoy qu’il y eût aux environs beaucoup de Soldats & de Mandarins, que nous penſions être dans une ſolitude écartée. Le reſpect qu’ils ont pour la perſonne du Roy, leur fait obſerver ce profond ſilence dans tous les endroits où il eſt. D’abord nous diſpoſâmes pluſieurs Lunettes ſur divers appuis qu’on avoit élevez exprès pour les ſoutenir. Il ne nous falut pas employer beaucoup de tems pour ajuſter nos inſtrumens ; ainſi nous nous rembarquâmes une heure aprés pour aller paſſer une partie de la nuit dans la maiſon du Seigneur Conſtance qui eſt à prés de cent pas du Palais.

Quand il falut débarquer au pied de la muraille qui eſt au delà du canal, il y avoit danger de s’enferrer dans des eſpéces de chauſſes trappes. Ce ſont pluſieurs chaînes

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