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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/422

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VOYAGE

le Général des Batavie avoit faites à Monſieur l’Ambaſſadeur ; mais on fut trompé. Monſieur Cibois ne pût parler au Gouverneur, qu’on diſoit être malade, & qui luy fit dire par le Commandant du Fort, qu’on envoyeroit des rafraîchiſſemens. Cette promeſſe n’aboutit qu’à envoyer à nôtre bord deux ou trois bœufs ; Son excuſe fut qu’il n’avoit rien trouvé davantage. Le ſoir il vint un homme qui ſe diſoit envoyé du Gouverneur, pour demander l’argent des bœufs dont on croyoit que le Gouverneur avoit fait préſent à Monſieur l’Ambaſſadeur. On traita cet Envoyé comme il le méritoit, & on luy fit porter une réponſe au Gouverneur conforme à un procédé auſſi mal honneſte que celuy-là. On fit voile le lendemain vers le Cap de Bonne-Eſpérance.

Nous paſſâmes le plus heureuſement du monde le détroit de la Sonde ; c’eſt un paſſage fort difficile à traverſer à cauſe des vents contraires qui devoient y regner en cette ſaiſon. Mais Dieu nous favoriſa du plus beau tems du monde, qui nous tira en peu d’heures de ce mauvais pas. Nous ſentîmes encore un effet plus particulier de ſa Providence trois jours aprés. Nos Pilotes vouloient paſſer à trente ou quarante lieuës au

deſſus