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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/429

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DE SIAM. Livre V.

voiles, & que nous eſpérions bien-tôt découvrir la terre d’Oüeſſant, parce que nous avions trouvé la ſonde, un Matelot de garde s’écria que nous allions donner ſur un Rocher. Il étoit déja tard, & l’obſcurité de la nuit augmentoit la frayeur qu’un danger ſi préſent nous avoit cauſée, mais elle fut diſſipée un moment aprés, lors qu’au lieu de ce prétendu rocher nous trouvâmes une groſſe Barque de Peſcheurs qui étoit à l’ancre. Peu s’en fallut qu’on ne paſſât par deſſus, ſans une manœuvre qu’on fit à propos. Ces pauvres gens en furent ſi allarmez, qu’ils crioient encore de toute leur force, qu’on eut pitié d’eux, quoyque nous en fuſſions déja aſſez éloignez.

Le ſeiziéme nous rencontrâmes une Barque, qui nous aſſûra que nous n’étions qu’à huit lieues d’Oüeſſan. Cette nouvelle donna beaucoup de joye à tout l’Equipage, qui fut augmentée le lendemain par la vûë de cette Iſle. Dés que nous l’eûmes découverte, nous forçâmes de voiles pour entrer dans l’Iroiſe, mais la Marée étant contraire & le vent nous ayant manqué, nous fûmes obligez de moüiller entre les pierres noires & la terre ferme à vingt-cinq braſſes d’eau ſur un fond de ſable. Le jour ſui-