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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/459

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DE SIAM. Livre VI.

buent les avantages avec leſquels on vient au monde, comme ſont la bonté, la bonne grace, l’eſprit, la nobleſſe, au mérite des bonnes œuvres, & les défauts naturels, comme la laideur, la mutilation des membres, au déréglement de cette vie ou des autres qui l’ont précédée. Toutes ces choſes, diſent-ils, ſont autant de marques certaines qui nous font connoître quelle vie les hommes ont menée, avant que de naître en cet état, & voila la ſource de cette prodigieuſe diverſité qui paroiſt dans leurs conditions, dans leur vies, & dans leur mort. Prévenus de ces erreurs, ils mépriſent ce qu’on leur dit du péché originel & de ſes effets, & ils traitent de viſions la deſobéïſſance & la punition de nôtre prémier Pere.

Les Siamois reſpectent par un motif de Religion les perſonnes diſtinguées par leur qualité, leur fortune ou par leurs avantages de corps ou d’eſprit.

Les ames des hommes qui renaiſſent dans le monde ſortent de trois endroits différens, du Ciel, de l’enfer ou du corps des animaux. Ceux dont les ames viennent du Ciel, ont quelques marques avantageuſes qui les diſtinguent, ils ont en partage la vertu, la beauté, la ſanté, les richeſſes, & ils naiſſent Grands, Princes, bien-faits. Voila le principe du reſpect que ces peuples ont pour les perſonnes élevées en dignité ou d’une naiſſance illuſtre, parce qu’ils les regardent comme devant bien-tôt être diviniſez ou ſanctifiez.

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