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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/458

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VOYAGE

Ce qu’ils croyent du Paradis.

Ils ſe figurent auſſi dans le Ciel huit différens degrez de béatitude. Ils y mettent les mêmes choſes que ſur la terre : ils aſſurent qu’ils y a des Rois, des Princes, des Peuples, qu’on y fait la guerre, qu’on y donne des batailles, qu’on y remporte des victoires, que le mariage même n’en eſt pas bany, que dans la prémiere, la ſeconde, & la troiſiéme demeure, les Saints peuvent avoir des enfans, que dans la quatriéme enfin, il n’y a plus ny concupiſcence ny mariage ; & c’eſt ainſi que la pureté augmente toujours juſqu’au dernier Ciel, qui est proprement le Paradis, appellé en leur Langue Niruppan, où les ames des Saints & des Dieux vivent dans une pureté parfaite & une ſouveraine félicité.

Ils ſoûtiennent, que tout ce, qui arrive de bien ou de mal aux hommes, eſt l’effet de leurs bonnes ou de leurs mauvaiſes actions, & qu’on n’eſt jamais malheureux & innocent tout ensemble. Ainſi les richeſſes, les honneurs, la ſainteté & la divinité ſont la recompenſe d’une vie vertueuſe, & au contraire, l’infamie, la pauvreté, les maladies, la mort, l’enfer, ſont la punition des pechez que l’on a commis. Et soit qu’on renaiſſe ſous la figure humaine, ou ſous la figure de quelque animal, ils attri-

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