nelles, qui durent trois jours, & qu’on célébre tantôt dans une Pagode, tantôt dans une autre, avec un concours extraordinaire. Les femmes ſont les plus empreſſées à ſe rendre à ces aſſemblées de piété. Pendant ce tems-là on prêche depuis ſix heures du matin juſqu’à ſix heures du soir, de nouveaux Prédicateurs ſe ſuccédant les uns aux autres, & chacun prêchant ſix heures. Ces longs diſcours ne fatiguent point l’auditeur qui ſe tient toûjours dans le reſpect ſans cracher & ſans tourner la tête.
Voilà, ce qu’on a pû apprendre de la Religion des Siamois, qui a été juſqu’à maintenant ſi inconnue en Europe. Mais pour peu qu’on examine ce que nous en avons dit, on y trouvera tant de choſes ſemblables à la doctrine Chrêtienne, qu’il ſera aiſé de juger que l’Evangile a été autrefois annoncé à cette nation, mais qu’il a été altéré & corrompu dans la ſuite des tems par l’ignorance & par les viſions de leurs Prêtres.
Quant à l’état préſent du Chriſtianiſme à Siam, je n’ay rien à en dire de particulier. Il eſt ſurprenant que l’Evangile faſſe ſi peu de progrez parmy des peuples, qu’on cultive avec beaucoup de zéle & de soin,