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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/51

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DE SIAM. Livre I.

l’étude avec autant d’application & d’aſſiduité, que ſi nous euſſions été dans nos Colléges. Voila nos exercices ordinaires durant toute la Campagne.

Veuë de l’Iſle de Madère.

Le Dimanche onzième nous paſſâmes à la veuë de Madère, où nous remarquâmes diſtinctement beaucoup de neiges ſur la Montagne la plus proche. L’aprés-dîné trois petits Bâtimens Anglois venant en Europe nous paſſèrent ſous le vent ; on crut qu’ils venoient des Canaries, parce qu’ils n’avoient pas encore embarqué leurs Chaloupes. C’est à peu prés en ces parages[1] que nous trouvâmes les vents aliſez ſi ſouhaittez des Matelots, & ſi agréables à tout le monde, ces vents ſoufflans toûjours du même côté entre le Nord & l’Est. Il ne faut pas beaucoup travailler à la manœuvre ; d’ailleurs comme ils ſont tempérez, ils modèrent les chaleurs de la Zone, qui ſans cela seroient inſupportables. On les trouve ordinairement aux environs de la hauteur de Madère. Alors la Mer devenant belle & le vent ſtable & réglé, on porte beaucoup de Voiles, & l’on fait ordinairement 40. à 50. lieuës d’un midy à l’autre, ſans qu’on ſente preſque le mouvement du Vaiſſeau ny l’agitation de la Mer ; de ſorte que ſi la

  1. Parage ſignifie en terme de Marine l’endroit où l’on ſe trouve sur Mer.