pêche, il faut que je parle de celle que nous avons faite, & des poiſſons que nous avons vûs, qui ne ſont pas ſi connus dans l’Europe. Je commenceray par le Requin, parce que c’eſt celuy que l’on trouve le plus ſouvent, & qui eſt le plus aiſé à prendre. Nous en avons pris quelquefois juſques à ſix en un jour.
Deſcription du Requin ou Chien de Mer.
Ce Poiſſon eſt une eſpece de Chien de Mer qui a la tête fort large, & fort platte, la gueule fort enfoncée à cauſe de la mâchoire inférieure, qui ſe retire fort avant ſous la ſupérieure ; de ſorte que pour mordre il eſt contraint de ſe coucher deſſus le côté & quelquefois même ſur le dos. Ceux que nous avons pris étoient de quatre pieds de long & avoient beaucoup d’épaiſſeur. Un peu au deſſous de la tête ſa peau eſt une eſpéce de chagrin, dont le grain eſt fort gros, avec ſix ouvertures de chaque côté qui ſe ferment par le moyen de certaines peaux fort minces, qui lui tiennent lieu d’oüyes. C’eſt ſans doute le plus vorace de tous les animaux. Quoyqu’il ait été pris trois ou quatre fois de ſuite à l’hameçon, & qu’il ait la gueule toute en ſang, il y revient toûjours avec la même avidité, juſques à ce qu’il ſoit pris ou qu’il ait enlevé l’amorce. Au reſte quand il a ſaisi un homme, c’en eſt fait, il ne