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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/60

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VOYAGE

lâche jamais priſe, & c’eſt pour cela, ſelon quelques-uns, que les gens de Mer l’appellent Requin ou Requiem[1]. La cauſe d’une ſi grande avidité eſt la grandeur de son foye, il eſt compoſé de deux pennes arrondies par les extremitez, & de largeur de quatre doigts sur un pied & demi de longueur, mais elles ont fort peu d’épaiſſeur. Ajoûtez qu’il n’a qu’un boyau fort court, & preſque droit. Nous en trouvâmes un qui avoit dans le ventre une planche de quatre doigts de large & d’un pied & demi de long. Il eft sans poulmons, & ſon cœur eſt placé dans une concavité formée par le concours de deux os prés de la tête. Il a trois rangs de dents dont les unes sont inclinées, les autres droites, & de figures différentes, & on luy en voit même un rang de triangulaires qui sont fort minces & terminées en ſcie. On lui trouve dans la tête trois-concavitez, deux aux deux côtez qui contiennent une ſubstance blanche, qui a quelque conſiſtance ; elle ſe durcit dans la ſuite & on luy donne le nom de Pierre de Requin : nos Chirurgiens luy attribuoient de grandes vertus, je m’en rapporte. La troiſiéme concavité, qui eſt au milieu de la tête, renferme le cerveau qui eſt à peu prés de la groſſeur d’un œuf de

  1. Pourquoy on l’appelle Requin.
poule.