Aller au contenu

Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
52
VOYAGE

ils paroiſſent renverſez, & il arrive quelquefois qu’un nuage paſſant par deſſus, & venant à ſe réſoudre en pluye, il ſe forme un ſecond Iris dont les jambes paroiſſent continuées avec celles de l’Iris renverſé & compoſer ainſi un cercle d’Iris preſque tout entier.

Phénomènes qui ſe voyent dans l’eau de la Mer.

La Mer a ſes Phénomènes auſſi bien que l’air, il y paroît ſouvent des feux, ſur tout entre les Tropiques : nous l’avons vûë quelquefois pendant la nuit toute couverte d’étincelles, lors qu’elle eſt un peu groſſe & que les vagues ſe briſent : on remarquoit auſſi une grande lueur à l’arriere du Navire, particuliérement lors qu’il paſſoit un peu viſte. Car alors le ſillage ou la trace du Navire paroiſſoit comme un fleuve de lumiére, & c’étoit aſſez qu’on jettât quelque choſe dans la Mer pour la rendre toute brillante. Je ne crois pas qu’il faille chercher ailleurs la cauſe de cette lueur que dans la nature même de l’eau de Mer, qui étant pleine de ſel, de nitre, & ſur tout de cette matiére dont les Chimiſtes font la principale partie de leurs Phoſphores, qui étant agitée s’enflame auſſitôt & paroît lumineuſe, doit auſſi par la même raiſon devenir brillante quand on la met en mouvement. Il en faut ſi peu à