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Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/73

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DE SIAM. Livre I.

l’eau de Mer pour en faire ſortir du feu, qu’en maniant une ligne qu’on y a trempée il en ſort une infinité d’étincelles ſemblables à la lueur des vers luiſans, c’eſt-à-dire, vive & bleuâtre.

Lumiéres qui ſortent de la Mer pendant la nuit.

Ce n’eſt pas ſeulement quand la Mer eſt agitée qu’on y voit des brillans, nous en avons vû encore vers la Ligne pendant le calme quelque tems aprés le Soleil couché : ils nous paroiſſoient comme une infinité de petits éclairs aſſez foibles qui ſortoient de la Mer & diſparoiſſoient incontinent aprés. Nous en attribuions la cauſe à la chaleur du Soleil, qui ayant comme imprégné & remply la Mer pendant le jour d’une infinité d’eſprits ignées & lumineux, ces eſprits ſur le ſoir se réüniſſant enſemble, pour ſortir de l’état violent où le Soleil les avoit mis, cherchoient en ſon abſence à ſe mettre en liberté & formoient ces petits éclairs, en s’échapant à la faveur de la nuit.

Outre ces brillans paſſagers ou d’un moment, nous en vîmes encore d’autres pendant les calmes, leſquels on pouvoit appeller permanens, parce qu’ils ne ſe diſſipent pas comme les premiers. Il y en a de diverſes grandeurs & figures, de ronds, d’ovales de plus d’un pied & demi de dia-

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