Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
INTRODUCTION.

Tacite ne nous est guère connu que par ses ouvrages. Son prénom même a donné lieu à quelques doutes ; et ce n’est que depuis Juste-Lipse que, sur la foi de plusieurs manuscrits et d’après un passage de Sidonius Apollinaris, l’usage a prévalu de l’appeler Caïus. Le manuscrit qui contient les premiers livres des Annales le nomme Publius, et cette autorité a été suivie par les plus anciens éditeurs. Pline le Jeune, dans les lettres qu’il lui adresse, l’appelle seulement Cornelius Tacitus.

Terni, autrefois Intéramne, dans l’Ombrie, se vante de lui avoir donné le jour. Cette ville lui éleva une statue en 1514 ; et on montra longtemps, près du chemin qui conduit à Spolète, un tombeau qui, disait-on, renfermait les cendres de ce grand écrivain. Le tombeau fut détruit et les cendres dispersées sous le pontificat de Pie V, parce que Tacite avait mal parlé du christianisme[1]. Les habitants n’en tiennent pas moins à une tradition à laquelle ils attachent l’honneur de leur cité, mais qui n’est appuyée d’aucun témoignage historique.

C. Cornelius Tacitus appartenait-il à l’ancienne et illustre maison Cornelia, qui produisit les Scipion, les Sylla, les Lentulus, et tant d’autres personnages célèbres ? C’est encore un point dont il est permis de douter. Cette maison était divisée en deux branches, l’une patricienne, l’autre plébéienne, qui elles-mêmes s’étaient subdivisées en beaucoup de rameaux. De plus, tout esclave affranchi prenait le nom de son maitre, et Sylla en affranchit dix mille en un seul jour. Le nom de Cornelius devint donc commun à un très-grand nombre de familles.

Au reste, que Tacite ait eu pour auteur de sa race un patricien ou un esclave, son génie a fondé sa noblesse ; et, cent soixante ans après lui, un empereur croyait relever la sienne en le comptant parmi ses ancêtres. Ce prince, qui, pour le malheur du monde, ne régna que

  1. Fr. Angeloni, Hist. di Terni, p. 42 et suiv