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Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/212

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jusqu’alors aucune preuve de courage), ou par une fausse politique qui, l’aveuglant sur un danger présent, l’effrayait d’un avenir incertain, se joint aux indécis, et engage les consuls à ne pas commencer la délibération. Il représente qu’un instant peut tout changer, et que, par respect pour le nom de Germanicus, il faut laisser au vieux prince le temps de se repentir. Cependant le peuple, portant les images d’Agrippine et de Néron, entoure le sénat, et, au milieu de ses acclamations et de ses vœux pour Tibère, il ne cesse de crier que la lettre est fausse et que c’est contre la volonté du prince qu’on trame la perte de sa maison. Aucune résolution cruelle ne fut donc prise ce jour-là. On fit même circuler, sous le nom de quelques consulaires, de prétendues opinions prononcées contre Séjan : satires où des auteurs inconnus exerçaient sans contrainte la malignité de leur esprit. La colère du favori en devint plus violente, et ses calomnies eurent un prétexte de plus : "Le sénat, selon lui, méprisait les douleurs du prince. Le peuple était en pleine révolte ; déjà on entendait, on lisait les harangues et les sénatus-consultes d’un nouveau gouvernement. Que leur restait-il à faire, sinon de tirer l’épée, et de choisir pour chefs et pour empereurs ceux dont les images leur servaient d’étendards ? "

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Tibère renouvela donc ses invectives contre son petit-fils et sa bru. II blâma le peuple par un édit, et se plaignit au sénat que les conseils perfides d’un seul homme eussent attiré un affront public à la majesté impériale. Il demanda cependant que tout fût réservé à sa décision. Le sénat ne balança plus, non pas à ordonner les dernières rigueurs (on l’avait défendu), mais à déclarer que prêt à venger l’empereur, il était retenu par sa volonté suprême5

5. Ici commence une lacune qui embrasse le reste de l’année courante la suivante tout entière, et au moins dix mois de la troisième

Ce qui se passe après la mort de Séjan

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On entendit à ce sujet6 quarante-quatre discours, dont quelques-uns étaient dictés par la crainte, un plus grand nombre par l’habitude de flatter… "J’ai pensé que ce serait attirer la honte sur moi ou l’envie sur Séjan….. La fortune est changée, et celui qui avait choisi cet homme pour collègue et pour gendre7 se pardonne son erreur ; les autres, après lui