Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/241

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furent achevés, soit mépris des applaudissements, soit vieillesse, il négligea d’en faire la dédicace. L’estimation des pertes causées par l’incendie fut confiée aux quatre gendres de l’empereur16, Cn. Domitius, Cassius Longinus, M. Vinicius et Rubellius Blandus, auxquels fut adjoint, sur le choix des consuls, P. Pétronius, On décerna au prince tous les honneurs que put inventer le génie de l’adulation. On ignore ceux qu’il agréa ou refusa : sa mort suivit de trop près. Ce fut en effet au bout d’assez peu de temps que les derniers consuls du règne de Tibère, Cn. Acerronius et C. Pontius, entrèrent en charge. Déjà Macron jouissait d’un pouvoir excessif. Il n’avait jamais négligé l’amitié de Caïus César, et de jour en jour il la cultivait avec plus d’empressement. Après la mort de Claudia, qui avait été, comme je l’ai dit, mariée à Caïus, Macron fit servir à ses vues sa femme Ennia, que lui-même envoyait auprès du jeune homme avec mission de le séduire, et de l’enchaîner par une promesse de mariage. Celui-ci se prêtait à tout pour arriver au trône ; car, malgré la violence de son caractère, il avait appris, à l’école de son aïeul, les ruses de la dissimulation.

   16. Les maris de ses petites-filles.
Quel successeur ?
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Le prince le savait ; aussi balança-t-il sur le choix du maître qu’il donnerait à l’empire. De ses deux petits-fils, la tendresse et le sang parlaient pour celui dont Drusus était le père ; mais il n’était pas encore sorti de l’enfance. Le fils de Germanicus, déjà dans la force de l’âge, était chéri du peuple et par conséquent haï de son aïeul. Restait Claude, d’un âge mûr, désirant naturellement le bien, mais faible d’esprit : Tibère n’y songea qu’un instant. De chercher un successeur hors de sa maison, il craignait que ce ne fût livrer la mémoire d’Auguste et le nom des Césars à l’insulte et aux outrages car, si l’opinion contemporaine le touchait peu, l’avenir n’était pas indifférent à sa vanité. Enfin, l’esprit irrésolu, le corps affaissé, il abandonna au destin une délibération dont il n’était pas capable. Toutefois, des paroles tombées de sa bouche témoignèrent qu’il en prévoyait l’issue. Il fit à Macron le reproche clairement allégorique de quitter le couchant pour regarder l’orient. Il prédit à Caïus, qui dans une conversation se moquait de Sylla, qu’il aurait tous les vices de ce dictateur et pas une de ses vertus. Comme il embrassait, en pleurant beaucoup, le plus jeune de ses petits-fils, il surprit à Caïus un