des craintes. Bientôt, sur l’assurance qu’on était venu pour lui rendre son trône, il reprend courage et demande quel est donc ce changement soudain. Alors Hiéron se déchaîne contre Tiridate, qu’il appelle un enfant. "Non, l’empire n’était pas aux mains d’un Arsacide ; ce lâche, corrompu par la mollesse étrangère, ne possédait qu’un vain titre ; la puissance était dans la maison d’Abdagèse."
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L’expérience du vieux roi comprit que, si leur amour était faux, leurs haines ne l’étaient pas. Il ne différa que le temps de rassembler chez les Scythes des troupes auxiliaires, et s’avança rapidement pour prévenir et les ruses de ses ennemis, et l’inconstance de ses amis. Il avait conservé ses haillons, afin d’émouvoir la pitié de la multitude. Artifices, prières, il n’omit rien pour gagner les indécis, affermir les zélés. Déjà il s’approchait en force de Séleucie, et Tiridate apprit à la fois la marche et l’arrivée d’Artaban. A ce coup subit, il demeure incertain s’il ira le combattre, ou s’il traînera la guerre en longueur. Ceux qui étaient d’avis de livrer bataille et de brusquer la fortune voulaient qu’on profitât du désordre et de la fatigue d’une longue route, et du peu de temps qu’avaient eu pour se rattacher au devoir des soldats traîtres naguère et rebelles au maître qu’ils servaient maintenant. Mais le conseil d’Abdagèse était qu’on se retirât en Mésopotamie. Là, couverts par le fleuve, on ferait lever derrière soi les Arméniens, les Elyméens et les autres nations ; puis, accrus de ces renforts et de ceux qu’enverrait le général romain, on tenterait le sort des armes. Cet avis prévalut, grâce à l’ascendant d’Abdagèse et à la faiblesse de Tiridate en présence du danger. Mais la retraite eut l’air d’une fuite. La désertion commence par les Arabes, et bientôt chacun regagne sa demeure, ou va grossir l’armée d’Artaban. Enfin Tiridate retourne lui-même en Syrie avec une poignée d’hommes, et sauve à tous la honte d’une trahison.
Incendie à Rome - Machinations de Macron 45
La même année, un violent incendie éclata dans Rome, et consuma la partie du cirque qui touche au mont Aventin et tout le quartier bâti sur cette colline. Tibère fit tourner ce désastre à sa gloire en payant le prix des maisons détruites. Cent millions de sesterces furent employés à cet acte de munificence dont on lui sut d’autant plus de gré, que pour lui-même il dépensait peu en bâtiments. Du reste, il ne construisit non plus que deux édifices publics, un temple à Auguste et la scène du théâtre de Pompée ; et même, quand ces ouvrages