Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/249

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la discorde, et que, l’empire étant divisé sur le choix d’un maître, il ne restait plus de soins pour de moindres intérêts. Las en effet des cruautés de Gotarzès, et craignant tout d’un homme qui avait immolé son propre frère Artaban, avec la femme et le fils de ce frère, les Parthes avaient appelé Bardane. Ce prince, actif et audacieux, franchit trois mille stades en deux jours, surprend Gotarzès et le chasse épouvanté. Puis, sans perdre un instant, il s’empare des provinces voisines. Seuls dans tout le pays, les Séleuciens refusaient de se soumettre. Bardane, irrité contre un peuple dont son père avait aussi éprouvé la rébellion, écoute plus la colère que la politique, et s’engage dans les longueurs d’un siège contre une ville puissante, protégée par un fleuve, munie de remparts et d’approvisionnements. Cependant Gotarzès, fortifié du secours des Dahes et des Hyrcaniens, renouvelle la guerre ; et Bardane, contraint d’abandonner Séleucie, va camper dans les plaines de la Bactriane.

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Pendant que cette querelle partageait l’Orient et tenait les nations indécises, Mithridate trouva l’occasion d’envahir l’Arménie, dont la valeur romaine lui conquérait les hauteurs et les forteresses, tandis que les troupes d’Ibérie infestaient la campagne. Car les Arméniens ne résistèrent plus, après la défaite de leur gouverneur Démonax, qui avait hasardé un combat. Le succès fut un peu retardé par Cotys, roi de la petite Arménie, auquel plusieurs grands étaient venus se joindre. Une lettre de Claude suffit pour le contenir, et tout se soumit à Mithridate, qui montra une dureté peu habile au commencement d’un règne. Quant aux Parthes, les deux chefs rivaux se préparaient au combat, lorsqu’à la nouvelle d’une conspiration de leurs sujets, que Gotarzès découvrit à son frère, ils se réconcilièrent tout à coup. Ils eurent une entrevue, où, après quelques moments d’hésitation ils se donnèrent la main, et se promirent, sur les autels des dieux, de punir la perfidie de leurs ennemis et de s’accorder entre eux sur leurs prétentions. Ils jugèrent que le sceptre serait mieux placé dans les mains de Bardane ; et, pour ne pas donner d’ombrage, Gotarzès se retira au fond de l’Hyrcanie. Quand Bardane reparut, Séleucie ouvrit ses portes. C’était la septième année que durait sa révolte, non sans honte pour les Parthes, dont une seule ville avait bravé si longtemps la puissance.

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Bardane se saisit ensuite des provinces les plus importantes, et il se préparait à reconquérir l’Arménie, si Vibius