Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/251

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soin de ces jeux appartint de tout temps au collège des quindécemvirs, et que les magistrats étaient chargés des principales cérémonies. Aux jeux du cirque, où Claude était présent, les jeunes nobles exécutaient à cheval les courses troyennes7, ayant avec eux Britannicus fils du prince, et L. Domitius, qui bientôt après devint par adoption héritier de l’empire, et fut appelé Héron. Les acclamations du peuple, plus vives en faveur de Domitius, furent regardées comme un présage. On publiait aussi que des dragons avaient paru auprès de son berceau, comme pour le garder ; prétendu prodige emprunté aux fables étrangères. Héron lui-même, qui n’était pas accoutumé à se rabaisser, a souvent raconté qu’un seul serpent avait été vu dans sa chambre.

6. Les jeux séculaires furent institués suivant quelques-uns, l’an de Rome 245, après l’expulsion des rois, et, suivant d’autres, l’an 353. Un oracle sibyllin ordonnait de les célébrer tous les cent dix ans, et ils duraient trois jours et trois nuits.
7. C’est ce jeu que Virgile décrit dans l’Enéide, V, 545 et sv.

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Cette prédilection du peuple était un reste de son attachement à Germanicus, dont ce jeune homme était le dernier descendant mâle. L’intérêt qu’inspirait Agrippine sa mère croissait d’ailleurs avec la cruauté de Messaline. Cette implacable ennemie, plus acharnée que jamais, n’eût pas tardé à lui trouver des crimes et des accusateurs, si un amour nouveau et voisin de la frénésie ne l’eût préoccupée. Elle s’était enflammée pour C. Silius, le plus beau des Romains, d’une si violente ardeur, qu’afin de le posséder sans partage elle chassa de son lit une épouse du plus haut rang, Junia Silana. Silius ne se déguisait ni le crime ni le danger ; mais, avec la certitude de périr s’il refusait, une vague espérance de tromper Claude, et de grandes récompenses, il attendait l’avenir, jouissait du présent, et se consolait ainsi. Elle, dédaignant de se cacher, traînait chez lui tout son cortège, ne quittait pas sa maison, s’attachait partout à ses pas, lui prodiguait honneurs et richesses ; enfin, comme si déjà l’empire eût changé de mains, les esclaves du prince, ses affranchis, les ornements de son palais, étaient vus publiquement chez l’amant de sa femme

Parmi d’autres mesures, Claude modifie l’alphabet

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Claude, qui, sans voir les désordres de sa maison, exerçait les fonctions de censeur, réprima par des édits sévères la licence du théâtre, où le peuple avait outragé le consulaire Pomponius, auteur de poèmes destinés à la scène, et plusieurs femmes illustres. Il mit un frein à la cruauté des usuriers, en leur défendant de prêter aux fils de famille des sommes remboursables à la mort de leurs pères. Il détourna les eaux des monts Simbruins et les amena dans Rome. Il