Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/252

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ajouta de nouveaux caractères à l’écriture, et les fit adopter, se fondant sur ce que l’alphabet grec n’était pas non plus sorti complet des mains de ses inventeurs.

Les Égyptiens surent les premiers représenter la pensée avec des figures d’animaux, et les plus anciens monuments de l’esprit humain sont gravés sur la pierre. Ils s’attribuent aussi l’invention des lettres. Les Phéniciens, disent-ils, plus puissants sur mer, les portèrent dans la Grèce, et eurent le renom d’avoir trouvé ce qu’ils avaient reçu. La tradition veut en effet que Cadmus, arrivé sur une flotte de Phénicie, les ait enseignées aux Grecs encore barbares. Quelques-uns prétendent que Cécrops l’Athénien, ou Linus le Thébain, ou, au temps de la guerre de Troie, Palamède d’Argos, en inventèrent seize, et que d’autres ensuite, principalement Simonide, ajoutèrent le reste. En Italie, les Étrusques les reçurent du Corinthien Démarate, et les Aborigènes de l’Arcadies Évandre ; et l’on voit que nos lettres ont la forme des plus anciens caractères grecs. Au commencement aussi nous en eûmes peu ; le nombre fut augmenté plus tard. Claude d’après cet exemple, en ajouta trois, qui employées sous son règne et tombées depuis en désuétude, se voient encore aujourd’hui sur les tables d’airain posées dans les temples et les places pour donner à tous la connaissance des actes publics.

Le collège des aruspices

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Il appela ensuite la délibération du sénat sur le collège des aruspices. "Il ne fallait pas, disait-il, laisser périr par négligence le plus ancien des arts cultivés en Italie. Souvent, dans les calamités publiques, on y avait eu recours ; et les cérémonies sacrées, rétablies à la voix des aruspices, avaient été plus religieusement observées. Les premières familles d’Etrurie, soit d’elles-mêmes, soit par le conseil du sénat romain, avaient gardé et transmis à leurs descendants le dépôt de cette science ; zèle bien refroidi maintenant par l’indifférence du sicle pour les connaissances utiles, et par l’invasion des superstitions étrangères8 Sans doute l’état présent de l’empire était florissant ; mais c’était une reconnaissance justement due à la bonté des dieux, de ne pas mettre en oubli dans la prospérité les rites, pratiqués dans les temps difficiles." Un sénatus-consulte chargea les pontifes de juger ce qu’il fallait conserver et affermir dans l’institution des aruspices.

8. Le culte de Sérapis, le judaïsme, et cette religion plus pure et plus spirituelle qui devait détrôner tous les dieux de l’empire.

A l’extérieur

Les Chérusques

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