Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/318

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tous à camper hors des retranchements12 ; ils subirent cette humiliation, et n’en furent relevés qu’à la prière de l’armée tout entière.

12. C’était une punition militaire usitée depuis les temps les plus anciens. On condamnait les troupes coupables à rester hors du camp, quelquefois même sans tentes, et sans pouvoir s’entourer de fossés et de palissades.

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Cependant Tiridate joignait au parti qu’il avait lui-même l’appui de Vologèse son frère ; et ce n’était plus par des attaques furtives, mais par une guerre ouverte qu’il désolait l’Arménie, pillant ceux qu’il croyait attachés à notre cause, éludant la rencontre des troupes envoyées contre lui, enfin voltigeant de tous côtés, et causant plus de terreur par le bruit de ses courses que par la force de ses armes. Corbulon, après avoir longtemps cherché le combat, frustré dans son attente, et contraint de porter, à l’exemple de l’ennemi, la guerre en vingt endroits, divise ses troupes, afin que ses lieutenants et ses préfets attaquent sur plusieurs points à la fois ; il avertit en outre le roi Antiochus13 d’entrer dans les provinces de son voisinage. De son côté, Pharasmane venait de tuer, comme traître à sa personne, son fils Rhadamiste ; et, afin de nous prouver sa fidélité, il assouvissait avec un redoublement d’ardeur sa vieille haine contre les Arméniens. Enfin, une nation distinguée par son attachement aux Romains, les Insiques, attirés alors pour la première fois dans notre alliance, parcouraient les lieux les plus impraticables de l’Arménie. Ainsi étaient déconcertés les plans de Tiridate : il envoya des ambassadeurs demander, en son nom et au nom des Parthes, "pourquoi, lorsqu’on venait de livrer des otages et qu’une amitié renouvelée semblait annoncer aussi des bienfaits nouveaux, on le dépouillait d’une ancienne possession. Il ajoutait que, si Vologèse n’agissait pas encore, c’était parce qu’ils aimaient mieux discuter leurs droits que de recourir à la force ; mais que, si l’on s’obstinait à la guerre, les Arsacides retrouveraient cette valeur et cette fortune que les défaites des Romains signalèrent plus d’une fois." Corbulon savait qu’une révolte des Hyrcaniens occupait Vologèse : pour toute réponse, il conseille à Tiridate d’employer auprès de César les prières pour armes ; "il peut s’assurer une puissance durable et un trône qui ne coûtera pas de sang, si, au lieu de lointaines et tardives espérances, il en poursuit de plus prochaines et de plus sûres."

13. Antiochus, roi de Commagène.

Proposition de rencontre entre Tiridate et Corbulon

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