Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/346

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les plus célèbres de l’Asie : elle se releva par elle-même et sans notre concours. En Italie, l’ancienne ville de Pouzzoles obtint de Néron les droits et le surnom de colonie romaine. Des vétérans furent désignés pour habiter Antium et Tarente, et ne remédièrent point à la dépopulation de ces villes : ils se dispersèrent presque tous, et chacun regagna la province où il avait achevé son service. Étrangers d’ailleurs à l’usage de se marier et d’élever des enfants, ils ne laissaient dans leurs maisons désertes aucune postérité. Car ce n’étaient plus ces légions que jadis on établissait tout entières, tribuns, centurions, soldats de mêmes manipules, et qui, unies d’esprit et de cœur, ne tardaient pas à former une cité : c’étaient des hommes inconnus entre eux, tirés de différents corps, sans chef, sans affection mutuelle, qui tous venaient comme d’un autre monde, et dont le soudain assemblage formait une multitude plutôt qu’une colonie.

9. Laodicée de Phrygie, dont le nom subsiste encore dans celui de Ladik.

28

L’élection des préteurs, ordinairement abandonnée au sénat, fut agitée par des brigues plus vives que de coutume : le prince y ramena la paix, en mettant à la tête d’une légion trois candidats qui excédaient le nombre des charges. Il releva la dignité des sénateurs, en ordonnant que ceux qui, des juges particuliers, appelleraient au sénat, consigneraient la même somme que ceux qui appelaient à César. Auparavant, les appels à cet ordre étaient libres et francs de toute amende. A la fin de l’année, Vibius Sécundus, chevalier romain. accusé de concussion par les Maures, fut condamné et chassé d’Italie. Le crédit de son frère Crispus le sauva seul d’une peine plus sévère.

An 61

A l’extérieur

En Bretagne

29

Sous le consulat de Césonius Pétus et de Pétronius Turpilianus, l’empire essuya en Bretagne un sanglant désastre. J’ai déjà dit que le lieutenant Aulus Didius s’était contenté d’y maintenir nos conquêtes. Véranius, son successeur, fit quelques incursions chez les Silures, et, surpris par la mort, il ne put porter la guerre plus loin. Cet homme, à qui la renommée attribua toute sa vie une austère indépendance, laissa voir, dans les derniers mots de son testament, l’esprit d’un courtisan : il y prodiguait mille flatteries à Néron, ajoutant que, s’il eût vécu encore deux années, il lui aurait soumis